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ChinchillaPassion

L'interview de Catherine Peduzzi

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- Etoile84 : Bonjour Catherine et merci d'avoir eu la gentillesse de répondre à cette interview exclusive pour le forum de ChinchillaPassion ......
L'élevage des chinchillas du Terroin est le plus bel élevage Français et certainement un des meilleur européen aussi. Mais finalement on vous connais assez peu ......
Pouvez-vous nous dire quand et comment vous est venus cette passion ?

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- Catherine : Bonjour Stella, et tout d'abord, merci pour les merveilleux compliments ! mais n'en faîtes pas trop, nous allons avoir un problème avec les élastiques de nos chaussettes, ce qui sera embêtant cet hiver : dans notre région, il fait plutôt froid.

C'est en 1986 que tout a débuté. Nous venions d'emménager dans une ancienne maison à la campagne (en bordure du Terroin, le petit ruisseau qui traverse le village) et les granges attenantes allaient nous permettre de réaliser un projet qui me tenait à coeur : m'occuper d'animaux. Oui, mais lesquels ? Notre perplexité se trouva alors comblée par une annonce alléchante que Jean-Louis découvrit dans un journal à grand tirage : l'élevage du chinchilla y était présenté comme une chose formidable... Des virtuoses de l'arnaque nous firent tomber dans leurs filets ... Ce qui ne fut pas difficile, car dès que nous fîmes connaissance avec ce merveilleux rongeur, nous en fûmes amoureux. Nous achetâmes à prix d'or quelques chinchillas avec la promesse, de la part des vendeurs, du rachat des petits (très cher) et l'assurance d'une grande prolificité des femelles. A cette époque, le chinchilla était complètement inconnu du grand public et les informations de mises en garde contre ce genre de pratiques très peu divulguées. Pour simplifier, je vous invite à lire la préface du livre auquel nous avons collaboré : Le Chinchilla, aux Editions de Vecchi , que Jean-Louis a écrite : le système des escroqueries y est bien expliqué. Sinon, ce n'est plus une présentation que je vais vous faire, mais une conférence !

Quelques mois plus tard, nous nous sommes rendus compte de notre naïveté : les chinchillas étaient de piètre qualité, leur prix était exorbitant, les allégations sur leur prolificité complètement mensongères, et nos escrocs finirent par disparaître dans la nature... Nous avons évidemment porté plainte, mais le mal était fait !

C'est alors que j'ai décidé de ne pas baisser les bras car les chinchillas avaient fait ma conquête et je ne voulais pas m'en séparer. Comme il était hors de question pour nous d'envisager la pelleterie, j'ai, avec l'aide d'un ami qui possédait une animalerie dans notre région, placé les premiers jeunes en pensant que, si pour moi ils étaient devenus des compagnons, ils pouvaient très bien le devenir pour d'autres personnes.

Nous avions fait la connaissance de Mr Jacques Gauthier, le Fondateur du Syndicat Français des Éleveurs de chinchillas (et de l'élevage du chinchilla en France), qui s'était lui-même fait escroquer dans les années 50, ainsi que de deux autres éleveurs de l'est de la France (René Munck et André Ristori), qui avaient été victimes dans les années 70... Ils nous ont permis d'apprendre véritablement le métier et nous avons immédiatement commencé l'amélioration de notre cheptel en leur achetant nos premiers "vrais" reproducteurs améliorateurs... (Doudou est d'ailleurs l'une des premières filles née de l'un deux et de la meilleure femelle du départ.)

Donc, j'ai commencé à sillonner les animaleries du secteur, et les chinchillas plurent immédiatement à tous. Mais il y avait un gros problème : il n'existait ni nourriture spécifique pour eux, ni terre à bain dans le commerce Français pour le public. Comme il n'était pas question pour moi de placer des petits dans ces conditions, ( sans une nourriture spécifique et sans terre à bain ils auraient été malades et sales) j'ai immédiatement vendu croquettes et terre à bain en même temps que les petits chinchillas. Je me souviens de mes premiers sacs en plastique et de leur étiquette que je tapais à la machine à écrire.... Chaque petit était accompagné de sa brochure conseil (qui est toujours distribuée mais malheureusement rarement donnée aux clients par les animaliers). Notre gamme s'est étoffée peu à peu par la suite, mais les produits de base étaient présents dans les premières animaleries dès la fin de 1986. Ensuite est venue la concurrence, appâtée par un nouveau marché...

Mon mari me regardait faire d'un oeil plus que sceptique et quelque peu moqueur.... jusqu'au jour où il s'est rendu compte que mon opiniâtreté commençait à porter ses fruits et il s'est peu à peu pris au jeu. Comme son travail le menait dans les Jardineries, il a commencé également à faire quelques livraisons. Au fil des années, il a pu lui aussi travailler à plein temps dans notre petite entreprise, et je pense qu'il ne le regrette pas...

Dans le même temps, porter à la connaissance du grand public ce petit animal, en montrant à quoi devait ressembler un chinchilla digne de ce nom, en faisant connaître son prix réel et sa prolificité faible, nous permettait de lutter efficacement et définitivement contre les escroqueries : c'est ainsi que les dernières, montées par un Allemand en Moselle en 1987 et des Italiens en Alsace en 1988 ont rapidement pu capoter... Nous sommes très fiers de pouvoir revendiquer cela, car en une quarantaine d'années, ce sont environ 50 000 personnes qui avaient été piégées, provoquant souvent des drames terribles, car les chinchillas vendus de cette façon atteignaient des prix de 500 à 1500 Euros... chacun ! Le problème recommençait sans cesse, par manque d'informations, et surtout parce que 99 % des personnes qui se font escroquer ont tellement honte qu'elles ne l'avouent jamais et, n'en parlant pas autour d'elles, ne permettent pas de faire connaître autour d'eux les risques encourus.

Malheureusement, ces pratiques douteuses existent encore : en ce moment, elles sévissent dans les pays de l'Est, ainsi qu'en Grèce et en Turquie. Elles auront bientôt fait le tour du monde, depuis leur point de départ en 1955 aux Etats Unis, qui ont le triste privilège d'en être les "inventeurs"...

C'est également l'une des raisons de notre fidélité aux animaleries : c'est aussi grâce à elles que le chinchilla de compagnie a fait son chemin ! Sans elles, mon obstination n'aurait eu aucun résultat... et le chinchilla de compagnie ne serait sûrement pas ce qu'il est aujourd'hui... N'en déplaise à certains, qui dénigrent toujours systématiquement les animaleries et les éleveurs qui les fournissent, mais qui n'auraient peut-être jamais entendu parler de chinchillas sans eux.

Et puis nous avons commencé à grandir, en taille (une pièce d'élevage, puis une autre, et une autre et une autre...), en sélection, en amélioration. Nous n'avons jamais lâché prise malgré le temps, la fatigue, les difficultés diverses, et nous ne le regrettons pas, nous avons d'ailleurs l'intention de continuer !

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- Catherine : le travail d'élevage n'est jamais terminé et ne consiste pas à placer des mâles et des femelles ensemble pour "qu'ils fassent des bébés", mais à pratiquer une sélection et une amélioration permanente. Notre plus grande joie est de voir chaque année naître des petits de plus en plus jolis. Je ne parle pas des couleurs, qui sont très belles mais qui ne sont pas un véritable travail de sélection : je parle des qualités d'ensemble de la fourrure, de la conformation, de l'esthétique de la tête, des oreilles, de la queue, du travail sur l'élimination des problèmes de malocclusion, sur le caractère, la résistance, etc... Les mutations de couleur ne sont en fait que le tout dernier critère de sélection, disons, un petit plus et le plus facile à réaliser. Un chinchilla n'est pas "beau" parce qu'il est de telle ou telle couleur, il est beau s'il répond à tout un tas de critères, qu'il soit blanc, noir, beige ou autre.

Quel ennui dans le travail d'élevage, si la sélection ne consistait qu'à produire des couleurs... Il n'est rien de plus beau qu'un (beau) standard, et c'est grâce aux standards que la qualité des mutations, qu'elles soient dominantes ou récessives, peut être améliorée de génération en génération.

Tous les éleveurs compétents savent bien qu'on ne fait pas de belles mutations sans beaux standards, et nous déplorons l'engouement excessif actuel sur les mutations et leur reproduction inconsidérée par croisements incessants, sans réintroduction permanente de standards améliorateurs. J'ai peur que peu à peu on ne trouve beaucoup de petits chinchillas fragiles et qu'ils ne perdent leurs qualités premières au seul profit des couleurs... On entend parler beaucoup trop souvent de cumul de gènes de couleurs sur des jeunes issus de la reproduction chez les particuliers, qui jouent en fait aux apprentis sorciers. Parfois, on dirait presque une compétition, et c'est à celui ou celle qui aura le chinchilla porteur du plus de gènes possibles de différentes couleurs... C'est triste pour nos petits amis, car c'est de cette façon que l'on assiste à une dégradation importante de leurs qualités.

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- Catherine : Je m'occupe des chinchillas et de leur expédition. Quand l'entreprise n'en était qu'à ses débuts, je m'occupais de tout. Mais bien vite mes deux bras n'y suffisant plus, nous avons été aidés par une, puis deux employées pour réaliser l'emballage des produits. Jean-Louis s'occupe de tout le reste (comptabilité, gestion, clientèle, expédition des produits) (cela m'arrange bien, car je n'aime pas trop le travail de bureau) Nous sommes très complémentaires et ne nous marchons pas sur les pieds dans nos tâches respectives... mais nous mettons notre grain de sel l'un chez l'autre en permanence... Nous sommes en quelque sorte en réunion perpétuelle !

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Catherine : Environ 800 à 1000, jeunes, adultes et... retraités confondus. (les retraités commencent à prendre pas mal de place, mais comment se séparer d'un reproducteur qui a partagé votre vie pendant des années ? Il fut une époque où nous en donnions, mais nous nous sommes aperçus que ce n'était pas une bonne idée : la dernière que nous avons donnée à une aimable personne pour lui faire plaisir l'a fait mourir de pneumonie un mois plus tard et nous a agonis d'injures sur le web pour nous remercier... Depuis, nous préférons qu'ils finissent leurs jours tranquillement chez eux ! Hélas, tous ne vivent pas aussi longtemps que Doudou, qui est un peu notre Jeanne Calment...

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Catherine : Je pourrais faire la réponse nulle du "quand on aime, on ne compte pas", mais effectivement cela prend beaucoup de temps, comme tout travail d'artisan, samedi et dimanche compris : nous ne connaissons pas vraiment les "35 heures" et je crois qu' il vaut mieux ne pas compter.
Nous avons des horaires élastiques ; quand les tâches de base sont terminées, il y a toujours quelque chose de plus à faire. Dans l'élevage, c'est extrêmement variable : une mise bas difficile et c'est une heure de plus, par exemple. Et puis, le travail proprement dit terminé, il est plaisant de passer une heure à observer, caresser, jouer un peu avec l'un ou l'autre...
L'examen des futurs reproducteurs prend également beaucoup de temps : on peut passer une heure ou plus sur le choix d'un mâle, à peser le pour et le contre : il ne faut pas se tromper ! Nous passons parfois des dimanches après-midi à sélectionner les animaux destinés à la reproduction : c'est un peu notre récompense mutuelle, car c'est la partie agréable du travail d'élevage en opposition avec les soins quotidiens quelque peu fastidieux ; Jean-Louis aimant beaucoup aussi cette facette de l'élevage, nous y passons donc ensemble de longues heures

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Etoile84 : Je vais donc tacher de ne pas vous retardez de trop, je te remercie d'avoir eu la gentillesse de répondre à notre curiosité ....

Et j'en viens maintenant au vif du sujet ...

Je pense que c'est la bonne période pour en parler et plusieurs membres du forum se posent la question " les bébés sont nés, afin de ne pas fatigué la femelle je retire le mâle mais quand dois-je remettre ?

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Catherine : Les femelles ont en théorie un cycle de 28 jours, mais si quelques-unes d'entre elles sont effectivement bien réglées, cela reste assez rare. Selon les saisons, certaines peuvent rester au repos pendant quelques mois, ou au contraire, en période de saillies, être influencées par le comportement du mâle ou des voisines.

Avant de penser à réintroduire le mâle, il faut d'abord parler de la séparation :

Quand séparer le mâle de la femelle lors de la mise bas pour éviter une re-saillie immédiate (appelée "breed back" en élevage) ? Si possible au moment où les petits naissent, car certains mâles cherchent déjà à saillir avant même que la femelle ait terminé l'expulsion de tous les jeunes... Donc la saillie est possible quasiment immédiatement après la naissance, et une séparation plusieurs heures après risque d'être trop tardive, bien qu'en général cela se passe plutôt la nuit.

Le temps de gestation après un "breed back" est généralement un peu plus long que les 111 jours de référence (il faut compter parfois une semaine de plus), et une mise bas 118 jours après ne signifie pas forcément que la séparation a été trop courte, mais tout simplement qu'elle est intervenue trop tard et que la saillie a été faite très rapidement après la fin de la mise bas.

Quand remettre le mâle avec sa belle ? Grande question ! En principe, après trois ou quatre jours. Seulement voilà, je vais citer un ancien éleveur de chinchillas (René Munck), qui nous a appris voici 20 ans la meilleure règle qu'il ait pu nous transmettre : " en matière de chinchillas, un plus un ne font jamais deux !!!"...
Donc, la règle est : il n'y a pas de règle ! (applicable à la lettre), mais toujours des surprises, des impondérables, des nouveautés etc... Soyons humbles et ne pensons pas une seconde tout savoir, quelque soit notre expérience...

Pour en revenir à nos moutons (enfin à nos chinchillas), la femelle reste "ouverte" , c'est à dire que le vagin n'est pas encore refermé, pendant une période d'environ une semaine suivant la mise bas, avec des variations de quelques jours. (Mais le fait qu'elle soit ouverte ne signifie pas qu'elle ait une ovulation. Il arrive que certaines femelles restent ouvertes sur de très longues périodes sans être en chaleur et sans qu'il puisse y avoir fécondation.)

A priori, il faut attendre que le vagin soit refermé pour réintroduire le mâle dans la cage et ainsi ne pas risquer une nouvelle gestation.

Ensuite, "en principe", la femelle n'aura pas de nouvelles chaleurs tant qu'elle allaitera ses petits. Mais quelques rares d'entre elles peuvent très bien, malgré la lactation, faire une ovulation 28 jours après la mise bas, donc être fécondées.

Si tout se passe normalement, elle n'aura pas de chaleurs tant qu'elle allaitera, ce qui peut varier énormément selon les sujets : 5 à 10 semaines (exceptionnellement plus). Les saillies sont très fréquentes dans les jours suivant l'arrêt de la lactation. A l'opposé, d'autres femelles vont d'elles-mêmes se reposer, les breed back ne jamais "fonctionner", et le temps entre deux portées rester très long.

En élevage, la question ne se pose pas : il ne peut pas y avoir "d'accidents": les animaux sont élevés en polygamie et les trappes d'accès aux cages des femelles sont immédiatement fermées lors de la mise bas ; elles ne sont rouvertes qu'après le sevrage des petits, si la femelle n'est pas fatiguée, ou plus tard si on veut lui laisser une période plus longue de repos. Les mâles, en attendant, s'occupent de leurs autres femelles, et ne sont donc pas seuls. (parenthèse : dans les élevages où la rentabilité est le seul but, le breed back est systématiquement pratiqué, ce qui explique le renouvellement très rapide des femelles qui s'épuisent très vite).

Le problème, chez un particulier qui possède un couple, est bien plus ardu : au départ, les possesseurs d'animaux de compagnie veulent un couple "pour qu'ils soient heureux" , mais il n'y a pas meilleure façon de rendre un couple malheureux qu'en le séparant !

Les bonnes intentions du début finissent pas déboucher sur un paradoxe :

soit on les laisse ensemble avec le risque d'épuiser la femelle par des gestations incessantes,

soit on les sépare et ils stressent complètement (surtout les mâles) Dire que l'on veut faire le bonheur de ses chinchillas de compagnie en formant des couples est, à notre avis, une absurdité totale, mais chacun est libre de penser ce qu'il veut...

Il arrive aussi qu'après une séparation, la remise en couple ne se passe pas bien du tout.

La solution parfois prise de mettre plusieurs femelles et un mâle ensemble ne règle pas le problème : soit ce dernier va se retrouver seul par moments, soit il faudra enlever de la cage la femelle qui a des jeunes et risquer une réintroduction difficile après le sevrage, soit laisser les femelles ensemble en permanence et là aussi prendre le risque de voir des batailles entre femelles jalouses des petits des autres... bref, l'enfer...

En conclusion : quand remettre le mâle ??? La réponse est : il n'y a pas de réponse.... sûre, mais de grandes lignes à suivre, avec parfois de mauvaises surprises. C'est l'une des raisons pour lesquelles nous pensons que faire reproduire ses animaux c'est les exposer à beaucoup de problèmes divers et que ce n'est certainement pas une chose à prendre à la légère, quoiqu'en pensent bien trop de personnes inexpérimentées et inconscientes des difficultés de la reproduction, même si elles sont bien intentionnées.

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Etoile84 : le forum et moi-même te remercions d'avoir eu la gentillesse de nous accorder quelques heures de ton temps.

je n'ai pas le temps ce soir ... mais en même temps que notre discution, je reçois énormément de MP.... je te les transmets.

Merci beaucoup de la part de tous

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Etoile84 : je laisse maintenant la parole aux membres du forum !


J'ai passé également un agréablement moment et j'espère que nous pourrons remettre ça lorsque tu auras 5 mm a nous accorder.

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